France : Un numéro d’urgence pour les joueurs dépendants

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Avec la légalisation des jeux d’argent en ligne, des mesures préventives ont été prises afin de limiter des risques tels que la dépendance. Car ne l’oublions pas, à l’instar du tabac ou des drogues, le jeu a un réel pouvoir addictif.

Parmi les mesures adoptées par le gouvernement, il y a eu la mise en place d’un numéro d’urgence pour aider les joueurs pathologiques. Un an après la mise en place de ce numéro, quel bilan peut-on en tirer ? La légalisation des jeux en ligne a-t-elle causé une augmentation du nombre de dépendants au jeu?

Selon Karine Grouard, directrice adjointe d’Adalis, responsable de la ligne d’urgence, « la réponse n’est pas si simple car, généralement, l’addiction au jeu était présente bien avant l’ouverture des paris en ligne ». Quoi qu’il en soit, les quatre à huit employés qui se relaient au sein de la société Adalis ont traité près de 45 000 appels en moins de dix mois. Ce sont donc près de 120 appels qui sont traités quotidiennement par les conseillers de la ligne d’urgence.

Toutefois, Adalis a du faire face à un sérieux quiproquo : « Il y a eu une confusion au début. Les joueurs ont cru que le numéro qui s'affichait en gros sur les sites était une hot line de dépannage. Les gens nous appelaient parce qu'ils ne retrouvaient plus traces de leur pari, etc. », a expliqué la directrice adjointe d’Adalis. En effet, pendant plusieurs semaines, les sites de jeux en ligne ont connu des problèmes informatiques et n’affichaient pas forcément de manière ostensible sur leur site le numéro de leur service d’assistance, et ce pour éviter d’être submergé d’appels d’utilisateurs en colère.

Sur ces 45 000 appels, il semble que seuls 2 600 concernaient véritablement le jeu excessif. Parmi eux, les paris sportifs et hippiques représentent 47% des appels, le poker 15%, les jeux de casino 12% tandis que les jeux de grattage et les loteries en sont chacun à 8%.

Dans trois appels sur quatre, c’est le joueur en détresse qui demande lui-même de l’aide. Dans 19% des appels, ce sont des proches qui appellent pour expliquer la pathologie d’un membre de leur famille.

Peu à peu, un profil type se dégage : le joueur pathologique (dit également « joueur excessif ») est généralement un homme (à 70%) âgé de plus de quarante ans (48%) adepte des paris sportifs et hippiques. Les plus jeunes sont plus touchés par le poker.

Les joueurs qui s’en remettent au numéro d’urgence sont déjà criblés de dettes et continuent de jouer pour tenter de « se refaire ». « Les joueurs pathologiques ont du mal à parler. Les appels durent moins de 10 minutes en moyenne. Ils évoquent plus volontiers les sommes autrefois gagnées. Le problème du joueur, c'est qu'à un moment il a gagné et il s'accroche à ce souvenir. Pour certains, peu importe qu'ils gagnent ou qu'ils perdent. Certains sont accros au bruit des machines à sous dans les casinos, » explique Karine Grouard.

Les employés ont ainsi eu affaire à des situations assez désespérantes telles que celle d’un étudiant de 22 ans qui venaient de dilapider l’équivalent de son prêt étudiant (soit 28 000 euros) sur des sites de paris en ligne. « Nous avons également le cas d'une retraitée qui dépensait 20 euros par semaine au casino. Vu sa maigre retraite, pour elle, 20 euros, c'était une somme énorme », se rappelle avec émotion Karine Grouard. Les joueurs qui appellent sont généralement dans une grande détresse, souvent dépouillés, quelques fois en rupture familiale, parfois le suicide est même évoqué.

Quoi qu’il en soit, les employés d’Adalis redoublent d’effort pour aider leurs interlocuteurs. Pour rappel, voici le numéro : 09 74 75 13 13.